Lors de la 30e cérémonie qui vient de se dérouler, la députée de la 5e circonscription des Yvelines s’est vu décerner le “Prix du député de l'année 2021”, remis par Yves Thréard (le Figaro). À cette occasion, elle est revenue sur son parcours, son engagement politique, ses débuts en tant que présidente de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, et exprimé sa volonté d’un Parlement plus fort.
« De l’avis de tout le monde, Yaël Braun-Pivet et une bosseuse, jamais sans le sourire », souligne Yves Thréard, « opiniâtre » d’après Gérald Darmanin. La députée de l’année a remercié le jury du Trombinoscope avant de déclarer : « Je n'arrive pas à me départir de mon sourire, parce que s'engager pour nos concitoyens, s'engager en politique, je crois que c'est le plus bel engagement qu'on peut avoir. Se sentir utile et, peut-être maintenant, se sentir vraiment à sa place, ça vous rend pleinement heureux. Je voudrais commencer mon intervention par remercier ma famille, parce qu’elle est fondamentale pour moi. Elle m’a suivie et on ne peut pas imaginer, quand on s'engage en politique, à quel point c'est dur pour nos proches. C'est dur parce qu'on est exposé, c'est dur parce que parfois, on est menacé. Vous avez rappelé les insultes antisémites, les insultes sexistes, bien sûr, quand on est une femme en politique, mesdames, vous savez de quoi je parle… Des menaces aussi, avec la gestion de la crise sanitaire. Nos familles sont mises à rude épreuve et sans elles, je crois que nous ne serions pas à notre place, nous ne serions pas engagés comme nous le sommes. Donc merci à elles.

Merci aussi à nos équipes parce que, quand on est député, président de Région, élu local, on n’est pas seul à affronter les responsabilités. On a des équipes, des collaborateurs qui sont à nos côtés. Moi, j'ai la chance d'avoir des collaborateurs qui sont avec moi depuis 2017. Il paraît que c'est rare en politique, mais une équipe fort soudée, c'est ce qui fait aussi qu'on arrive à tenir sa place et à affronter tous les obstacles qui peuvent se trouver sur notre route. Et puis, il faut aussi quelques anges gardiens et j’en ai à l'Assemblée nationale. Je pense évidemment à Damien Chamussy, le directeur de la Séance aujourd'hui, qui était chef de la division de la commission des lois à mon arrivée à la présidence de cette commission. On a besoin aussi de ces anges gardiens pour réussir.
Je suis un peu émue, parce que c'est dans cette salle que tout a commencé, ou presque. J'ai été élue députée, dans la 5e circonscription des Yvelines. Et puis, dans cette salle, quelques jours plus tard, j'ai été élue présidente de la commission des lois. Présidente de la commission des lois, c'est un poste formidable, un poste extraordinaire et effectivement, vous l'avez rappelé, au début, ce n’était pas gagné, parce que c'était la première fois qu'une novice arrivait à cette fonction à l'Assemblée nationale. Pourtant, dès le départ, mes collègues, les 72 membres de la commission des lois, qui, comme toutes les commissions à l'Assemblée, regroupe toutes les tendances politiques, m'ont fait confiance. Ils ont tout de suite joué le jeu des innovations que j'ai voulu apporter à l'exercice de ma présidence. Quelques mois après l'accession à mes responsabilités, j'ai amené tout le monde sur le terrain, nous sommes allés visiter des prisons, le même jour dans toute la France, même en Outre-mer. Tous les partis politiques ont joué le jeu et nous avons continué. Ces visites conjointes de terrain ont montré un “esprit commission des lois”, ont permis également d'exercer notre activité si importante de contrôle et aussi, je crois, de souder cette commission autour d'une action commune, respectueuse, dans un objectif d'intérêt général qui est l'objectif de tout parlementaire et de tout élu. Et je crois que nous avons fait œuvre utile. J’ai également amené la Commission des lois en prison en réunissant cette commission hors les murs et, ça aussi, c'était une initiative inédite. J’ai donc essayé, en tant que nouvelle venue en politique, de moderniser la façon dont travaille notre institution. Je crois que c'était essentiel.
Pour terminer, c'est vrai que j'ai acquis une conviction : nos compatriotes, nos concitoyens aiment leurs élus, ils aiment le Parlement et ils ont besoin d'élus qui jouent pleinement leur rôle. Et pour ce faire, je plaide effectivement pour un Parlement qui soit renforcé dans l'exercice de ses prérogatives, qu'il puisse travailler mieux, en ayant une anticipation des sujets plus importante, en pouvant mieux concerter avec nos concitoyens sur les grandes réformes à venir. Un Parlement qui maîtrise son destin. Vous avez parlé de la fin de vie, je crois que, sur certains sujets, nous devrions pouvoir avoir une plus grande maîtrise de notre ordre du jour et un accès au Sénat pour que le texte puisse être discuté sans forcément être inscrit par le Gouvernement. Un Parlement renforcé dans ses pouvoirs d'évaluation, dans ses pouvoirs de contrôle. Je crois que c'est tout cela que nos concitoyens attendent aujourd’hui d’une grande démocratie. Nous avons montré pendant la gestion de la crise sanitaire, à quel point le Parlement était utile et nécessaire pour contrôler le Gouvernement, pour travailler sur les différentes mesures, pour bien en vérifier l'opportunité, la nécessité et la proportionnalité. Et nous avons fait ce travail tout au long de ces deux dernières années, nous avons vraiment eu un rôle utile.
Enfin, je suis surprise de recevoir ce prix parce que je fais partie de cette nouvelle majorité, de cette fameuse société civile qui est rentrée en politique, et terminer mon mandat par cette nomination, être le député de l'année, c'est pour moi quelque chose d'extraordinaire. Ça montre qu’il y a de la place en politique pour tout le monde. Il y a de la place en politique pour la société civile, il y a la place en politique pour ceux qui souhaitent s'engager sincèrement dans l'intérêt de nos concitoyens. Finalement, s'il n'y avait qu'un seul mot pour conclure, c'est de dire “engagez-vous, ça vaut le coup et on a besoin de tout le monde !” ».