Acteur français de services d'hébergement de colocation (quelques baies jusqu'à un bâtiment complet), Thésée DataCenter se veut neutre vis-à-vis des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs cloud. L'entreprise vient d'installer son premier DataCenter à Aubergenville.
Ayant pour actionnaires la Banque des Territoires (filiale de Caisse des dépôts et consignations) et le Groupe IDEC Invest, l'entreprise cible les clients privés et publics « attachés à la sécurité et la souveraineté de leurs données ». Elle adresse également les sociétés de services de cloud-computing particulièrement vigilantes à disposer d'infrastructures efficientes, à haut niveau de disponibilité (le data center d'Aubergenville est le seul site des Yvelines certifié Tier IV) et d'une indépendance vis-à-vis des grands acteurs.
Preuve de l'importance de l'implantation de cette entreprise, le maire d'Aubergenville, Gilles Lecole, les sénateurs Sophie Primas et Martin Levrier, le vice-président du Département, Laurent Richard, et le député Patrick Mignola, vice-président du Modem, étaient présents lors de cette visite pré-inaugurale.
© Thésée DataCenter L'entreprise a officiellement ouvert l'infrastructure en cette rentrée.
La souveraineté en ligne de mire
« Un des éléments-clés pour nous, c'est la souveraineté de la donnée.
C'est la territorialité de l'entreprise qui fait que la donnée peut être protégée. Nous échappons, contrairement à nos compétiteurs anglo-saxons, à une loi américaine, dite “Cloud Act”. C'est la raison pour laquelle ce projet a été créé : l'idée était de lancer un acteur français extrêmement sécurisé, très viable sur un plan économique et efficace énergétiquement, un enjeu important actuellement dans le monde du numérique », a expliqué Christophe Bouniol, président de Thésée DataCenter, avant de faire visiter le site à Cédric O.
Le centre de données met effectivement en œuvre des technologies de refroidissement de pointe : un système dit de free cooling indirect, utilisateur des frigories de l'air extérieur ambiant, couplé lors de pics de chaleur à une production de froid par système adiabatique, c'est-à-dire par évaporation d'eau. Le tout est alors suivi et piloté grâce à de l'intelligence artificielle, pour abaisser la consommation énergétique en permanence, d'environ 30 % par rapport à des data centers plus classiques.
Christophe Bouniol souligne : « Dans notre secteur, il y a, tout en haut de l'échelle, les gros acteurs anglo-saxons internationaux. On trouve, en bas, les petits data centers, souvent des émanations de sociétés de service (les ESN). Au milieu, il y a une place à prendre. C'est tout l'enjeu de Thésée DataCenter d'être un acteur français d'une taille suffisamment conséquente pour être important aux yeux des grands acteurs et clients et être un potentiel concurrent sur le territoire national des acteurs anglo-saxons ».
© SIDF Présentation d'une des salles serveurs de 534 m2.
Six bâtiments prévus à terme
L'établissement est le “navire amiral” de Thésée DataCenter, qui a d'ores et déjà acquis un second site dans les Yvelines. « Notre particularité, c'est notre implantation, notre ancrage en France, sur ce territoire du Val de Seine où nous avons été très bien accueillis, et où il semble que le Département veuille développer le numérique de façon importante, notamment le numérique souverain », a poursuivi le dirigeant, précisant qu'un grand nombre d'acteurs locaux de l'industrie (automobile et aéronautique) ou de l'administration pourraient être intéressés.
Imaginé en 2016, le projet a réellement pris son envol en 2019, avec l'arrivée de ses actionnaires principaux. « Il a fallu beaucoup de persévérance et un important soutien, notamment de personnes présentes ce jour, pour voir aboutir ce projet. » Le soutien bancaire a aussi été décisif, dans un secteur où le besoin en capitaux est important pour pouvoir démarrer.
A savoir également, Thésée DataCenter prévoit d'établir un campus de six bâtiments à terme. « Nous avons la réserve foncière pour pouvoir déployer d'autres bâtiments, comprenant deux salles de 534 m2 par bâtiment », a indiqué Christophe Bouniol. « Je l'ai dit, nous avons été très bien accueillis par la Ville, par GPSEO, par le Département. L'idée serait que tout cela se concrétise par des actions des administrations et des collectivités, qui pourraient héberger leur informatique dans notre data center ».
Remerciant ses hôtes, Cédric O s'est dit « très intéressé » par la visite du site.
« D'abord parce qu'il est important pour nous d'avoir des acteurs français qui maîtrisent la technologie, mais aussi parce qu'il faut des “échangeurs“, pour reprendre la métaphore autoroutière, au-delà de la simple pose de la fibre. Il faut voir comment nous pourrions travailler avec vous. Nous avons nos propres serveurs, avec la volonté d'aller encore plus vers le cloud et d'en externaliser une partie, notamment dans des data centers qui répondent aux normes de sécurité requises. Mais les collectivités n'ont pas forcément la capacité de disposer de leurs propres data centers. Votre offre peut répondre à la demande. Il y a un gros sujet sur les collectivités territoriales. »