De 18 mois à cinq ans d'emprisonnement ont été demandés, notamment pour extorsion, contre trois anciens placiers et un ex-chargé de la sécurité sur ce marché du quartier populaire du Val Fourré à Mantes-la-Jolie.
Le Val Fourré, le quartier de Mantes-la-Jolie aux 21 000 habitants
Pour la procureure, « ce procès est celui de la pauvreté des banlieues ». « À quelques kilomètres de Paris, de Versailles, il y a le quartier du Val Fourré, qui représente l'échec de la politique de la ville », estime la procureure Pamela Tabardel, évoquant une « absence d'infrastructures » et « de mixité sociale » dans ce quartier où vivent plus de 21 000 Mantais. « Tous les prévenus » en sont issus, rappelle la procureure.
Ces hommes, aujourd'hui âgés de 32 à 44 ans, « s'en sont pris à plus pauvres » qu'eux avec, dans leur viseur, « l'argent sonnant et trébuchant de commerçants ». Il leur est reproché d'avoir, entre 2010 et 2019, imposé aux commerçants du marché de leur verser « des pourboires à chaque marché » allant « jusqu'à doubler le prix » de leur emplacement. Outre ces pourboires, l'obtention d'une place a pu grimper « jusqu'à 20 000 euros ». Les placiers sont aussi poursuivis pour abus de confiance, accusés d'avoir minimisé le nombre de commerçants sur le marché, afin de garder une partie des recettes pour eux. Le parquet évalue le préjudice total à2,5 millions d'euros, de 2010 à 2019. « Pour un pseudo motif de paix sociale, des cadres et élus de la mairie étaient au courant et ont laissé faire », a également déploré la procureure, demandant un an d'emprisonnement avec sursis et l'inéligibilité pendant cinq ans pour un ancien élu de la mairie, Sidi El Haimer, poursuivi pour subornation de témoin.
De la prison ferme requise
Deux à trois ans d'emprisonnement ont aussi été requis contre trois hommes poursuivis pour l'incendie de camions de commerçants. Tous les prévenus contestent les faits. Plusieurs avocats de la défense ont aussi critiqué l'absence de confrontation pendant l'enquête entre les prévenus et des commerçants ayant, pour la majorité, témoigné sous couvert d'anonymat. « Il manque au moins une personne à cette audience, c'est le maire de Mantes-La-Jolie », s'est aussi exclamé Frédéric Landon, avocat d'un ancien placier.
Le marché était en régie directe de la municipalité de 2010 à 2018. « Un certain nombre de choses aurait pu être faites différemment », a reconnu Didier Seban, avocat de la ville, partie civile, et dont l'actuel maire (DVD) Raphaël Cognetespère « réparer le préjudice d'image » avec ce procès. La décision du tribunal sera connue le 16 janvier.