Cette mobilisation est liée à la décision du Gouvernement, prise le 23 janvier, de renoncer à autoriser les insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière, à la suite d'une décision de la Cour de justice de l'Union européenne. Vers 09h30, le cumul de bouchon était de 304 kilomètres en Île-de-France, un chiffre « exceptionnel pour cette heure-ci » après un pic à près de 425 km, selon le site Sytadin.
Le site du Salon de l'agriculture sur le parcours de la manifestation
Grégoire Bouillant, céréalier de 40 ans, est parti vers 5h du matin, de sa ferme du Val-d'Oise, pour arriver, à 20 km/h, à Porte de Versailles, où se tiendra dans moins d'un mois le Salon international de l'agriculture. L’exploitant dénonce une « pression environnementaliste » et des « mesures qui ne cessent de d'empiler en notre défaveur ». A l'arrière de son tracteur, une pancarte indique « Macron menteur, oui aux NNI (néonicotinoïdes, NDLR), oui au sucre français ». Dans le cortège fleurissent des drapeaux FNSEA et Jeunes agriculteurs ainsi que des affichettes « mon métier respecte la nature, stop aux écologies abusives ».
L'interdiction des néonicotinoïdes en cause
Les néonicotinoïdes, toxiques pour les abeilles et interdits depuis 2018, bénéficiaient d'une dérogation depuis deux ans. Ce qui permettait de les appliquer préventivement sur les semences de betteraves pour les prémunir de la jaunisse. « Comme utilisateur de néonicotinoïdes, je n'ai pas l'impression d'empoisonner le monde », s'agace le cultivateur et militant syndical Damien Greffin. Il préside la FDSEA et la FRSEA Île-de-France, ainsi que la section FNSEA du Grand Bassin parisien, qui rassemble 12 départements céréaliers du nord de la France. Cette formation est à l'initiative de la manifestation, avec le syndicat des planteurs de betteraves CGB, affilié à la FNSEA. La Fédération nationale du syndicat agricole majoritaire leur a emboîté le pas en appelant « à se mobiliser à partir du 8 février à Paris et jusqu'au 20 février dans toute la France ».
Pour Damien Greffin, « à ce rythme-là l'agriculture va disparaître ». Il cite l'interdiction de l'insecticide phosmet qui « compromet » la culture de cerises, ou celle - prochaine - d'un désherbant pour les endives. Plus largement, selon la FNSEA, « les agriculteurs se retrouvent aujourd'hui en butte à des contraintes sanitaires et réglementaires de tous ordres qui freinent les projets innovants dans les territoires (irrigation, bâtiments d'élevages...) ».