Après des études d’économie, un master en finance entrepreneuriat, et cinq années passées chez BpiFrance à travailler sur le Dev’Éco et le développement des entreprises, l’Essonnien de 30 ans a donc pris place dans l’Hémicycle et naturellement rejoint la Commission des affaires économiques. Dernièrement, il s’est confié sur l’actualité de son département, les préoccupations liées aux transports en commun et a délivré un message concernant la réforme des retraites.
La Semaine de l’Île-de-France : Quelles sont les préoccupations en Essonne actuellement ?
Alexis Izard : Un sujet me préoccupe beaucoup actuellement, c'est la situation des transports en commun. En ce moment, elle est catastrophique. J’ai invité dernièrement les parlementaires du Département à travailler avec moi, mais aussi le ministre des Transports, Clément Beaune, qui est venu à la gare de Saint-Chéron, pour rencontrer les utilisateurs, les associations et les élus, afin d’étudier ensemble les raisons pour lesquelles le système de transports fonctionne si mal en Île-de-France. Notamment le RER C, qui traverse ma circonscription, et qui laisse, je dirais un matin sur deux, les usagers sans transport, sans possibilité de se déplacer et d’aller travailler. Aujourd’hui, nous mettons plus de temps pour aller à Paris qu’il y a 30 ans, ce n’est pas normal. L’offre de transports est moins forte, alors que la population augmente. C’est extrêmement usant, mais je suis engagé à fond sur ce sujet-là, tout comme le ministère des Transports. Nous avons envie d’offrir aux usagers de meilleurs transports, qui seront plus fiables.
SIDF : Qu’est-ce que vous répond la région Île-de-France à ce sujet ?
A. I. : Je dois dire qu’il est inacceptable d'entendre de la part de la Région que finalement le problème viendrait de la RATP ou de la SNCF. Ça reste quand même une prérogative capitale de la région Île-de-France, et il faut la prendre en main. Une des problématiques est le recrutement des chauffeurs, mais ça, il faut y travailler et les sociétés privées savent très bien le faire, ils subissent exactement les mêmes problèmes. Je pense notamment à une société de transport sur ma circonscription, Préma, qui a du mal à recruter, et du coup a lancé sa propre école de formation. Elle parvient ainsi à recruter des chauffeurs et des conducteurs. Il faut donc que la Région soit capable de le faire aussi. Vous savez, 50 % du budget de la Région, ce sont les transports, donc j'aimerais que 50 % du temps de travail de la Région soit aussi attribué aux transports. Nous devons donc impérativement travailler ensemble pour créer le meilleur cadre et offrir le service idéal pour les habitants. Il faut aussi que la communication soit améliorée, que plus jamais les utilisateurs ne se retrouvent à la gare, non informés des retards.
SIDF : Que pouvez-vous nous dire sur le passage de Clément Beaune à Saint-Chéron ?
A. I. : C’était une visite très importante à au moins deux titres. Tout d’abord pour montrer que leGouvernement a conscience des difficultés et se tient aux côtés des usagers et des élus locaux. Clément Beaune connaît le ras-le-bol des usagers qui sont prisonniers d’un RER dont le fonctionnement se dégrade depuis des mois et qui sont souvent mal informés sur les suppressions, retards ou arrivées de trains. Derrière la visite de Clément Beaune, il y a donc le Gouvernement qui entend les doléances et prend les choses à bras le corps pour remédier à ce problème du quotidien. Mais cette visite était aussi essentielle car ce sont des usagers que le ministre a rencontrés. Nous dialoguons très régulièrement avec les élus locaux ou les responsables des réseaux de transports mais il est crucial d’écouter aussi ceux qui subissent chaque jour ces difficultés. C’est leur quotidien que nous allons tout faire pour améliorer et leur voix doivent être entendues. J’ai toute confiance en l’action de Clément Beaune pour redresser cette situation et il pourra compter sur mon travail acharné et sur celui de l’ensemble des élus locaux concernés.
SIDF : D’autres sujets majeurs qui vous préoccupent ?
A. I. : Je dois dire qu'en Essonne, nous avons plusieurs sujets qui sont majeurs. Évidemment l'hôpital qui est en souffrance, non seulement par la difficulté de recruter du personnel, mais aussi au niveau de la santé de manière générale. S’est ajoutée à cela, la cyberattaque de l'hôpital de Corbeil-Essonnes que nous avons subie fin 2022. Nous parlons aussi beaucoup des retraites en circonscription. Je travaille beaucoup en lien avec les habitants, en lien avec mes électeurs, pour essayer d'adapter au mieux cette réforme, nous ne devons oublier personne, ne laisser personne dans l'angle mort. Cela étant, il y a aussi des problèmes dans les écoles avec encore une fois une pénurie de recrutements. Nous arrivons presque au plein-emploi. Dans certains établissements, aussi bien les écoles, que les collèges et les lycées, nous peinons à recruter des enseignants qualifiés sur certains postes. C’est une véritable problématique, sur laquelle nous travaillons en lien avec le recteur, pour faire en sorte de faire venir des enseignants, et de combler les postes.
SIDF : Votre circonscription étant un peu éloignée de Paris, cela ne rajoute pas des difficultés pour le recrutement des enseignants, des médecins ou encore pour les transports ?
A. I. : Pour les médecins, en Île-de-France, on est le premier désert médical de France. Donc je ne sais pas si c’est vraiment une problématique propre à notre circonscription, étant donné que nous avons tous les critères nécessaires pour être attractifs. C'est une très belle circonscription avec de très beaux villages, de très belles villes, un système de transports bien développé, certes s'il était optimal et fonctionnait bien. Nous avons l'autoroute, et la nationale. Donc une circonscription qui est très accessible et qui est très agréable à vivre. Nous avons donc des points forts et un gros potentiel pour attirer.
SIDF : Avec les confinements, la population a-t-elle augmenté sur votre circonscription ?
A. I. : Oui, effectivement, il y a une rotation de la population. Beaucoup d'habitants ont quitté Paris pour partir sur la petite couronne, voire la grande couronne. Moi je suis dans la grande couronne et effectivement, c'est vrai qu'on a une nouvelle population qui arrive. Des gens qui ont envie d'accéder à ce confort de vie que peut finalement apporter la campagne au plus près de la ville. On est sur ma circonscription en moyenne à une heure de Paris, avec des villages très accueillants, des pavillons plutôt agréables et donc c'est sûr que ça attire les Parisiens et des habitants de la petite couronne.
SIDF : Qu’attendez-vous de l’année 2023 ?
A. I. : L'axe prioritaire et je le répète, sur lequel je me bats actuellement et sur lequel il va falloir que nous soyons très forts, ce sont les transports. Je parle du RER C, mais aussi, des réseaux de bus, et des voies routières. Il faut faire en sorte que les Essonniens qui ont décidé de venir vivre sur notre département, qui ont décidé de s'éloigner de Paris, puissent circuler en toute tranquillité, puissent circuler sans inquiétude le matin de savoir s'ils vont pouvoir arriver au travail ou non. C'est un grand combat, c'est un grand chantier et vous pouvez être certain que vous me trouverez là-dessus.
« La réforme des retraites est nécessaire »
Alors que le coup d’envoi des débats sur la réforme des retraites s’est ouvert lundi 6 février pour deux semaines à l’Assemblée nationale, Alexis Izard nous a livré ses impressions à ce sujet.
« Je crois que cette réforme, finalement, elle est nécessaire. Elle est nécessaire aujourd'hui ou demain, mais il faudra la faire à un moment donné. Nous, nous avons le courage de la porter, nous avons le courage de la faire. Aujourd'hui, j'ai envie de tous les parlementaires de cette assemblée à travailler, à modifier au maximum les inégalités qui peuvent exister dans le système actuel pour créer le système de retraite le plus égal et le plus équitable pour tous ».
« Je crois également que sur cette réforme des retraites, on fait face à deux modèles politiques qui se confrontent. Le premier des extrêmes qui est de dire que vous allez trimer toute votre vie dans un travail pénible pour accéder, ils ne sont pas clairs là-dessus, mais ils essayent de vous promettre un âge de retraite à 60 ans ou après 60 ans, vous pourrez profiter de la vie. Nous, ce qu'on vous propose, c'est de pouvoir travailler, le moins péniblement possible, pouvoir accéder à un travail épanouissant et de pouvoir vous réorienter en cas de pénibilité pour ne jamais atteindre ce seuil de pénibilité et ensuite pouvoir repartir avec une retraite qui soit rémunératrice et qui vous permette de profiter de votre vie de retraité ».
« Aussi, j'aimerais ajouter un point qui est important, beaucoup de confusions existent et sont portées également par nos adversaires politiques sur cette réforme des retraites. Beaucoup d'injustice et d'inégalités lui sont mis sur le dos. Il faut bien comprendre une chose, c'est que beaucoup de ces injustices existent dans le système des retraites actuelles, car il existe dans le marché du travail. L'occasion de réformer les retraites, c'est de corriger au maximum ces injustices. Alors j'invite mes collègues à travailler pour faire en sorte de laisser le moins possible de Français dans les angles morts que le système des retraites crée déjà actuellement ».
