Entre les box des ovins, des porcins, des bovins, des caprins ou les étals de nougats, de bières, de charcuterie et de pâtisseries artisanales, il y a de quoi regarder et s’enthousiasmer. Plusieurs milliers de mètres carrés et quelques pavillons couverts visent à donner une représentation du monde agricole français, sous cloche pendant sept jours.
Le salon des nouveautés
Sur le salon, on trouve toujours les grands habitués, présents depuis de nombreuses éditions, comme Brigitte Le Pelletier, maître confiturière depuis 20 ans. Pour elle, le salon “c’est avant tout une vitrine” dont elle prend soin depuis qu’elle est venue présenter son entreprise, la Corbeille à confitures, il y a quatre ans déjà. Pour la Limonaderie de Paris, même si l’édition 2022 du salon n’est que leur deuxième participation, il y a des clients qui sont venus les voir exprès. « Certains de nos clients nous ont découvert lors de l’édition 2020 du salon et ils sont venus nous retrouver cette année », raconte Clémentine Créquy, responsable marketing et communication de l’entreprise. Si l’édition 2022 est celle des retrouvailles, elle permet aussi de découvrir de nombreux nouveaux participants. « Nous sommes une exploitation familiale céréalière depuis cinq générations mais c’est notre première participation au salon », explique Jérôme Chenevière, agriculteur à la Ferme des hirondelles, en Essonne. Justement, sa présence lors de l’événement signe un tournant dans les produits que la ferme propose, passée à l’agriculture biologique en 2018 pour tous ses produits. Farines, pains, huiles, purées d’oléagineux, viennoiseries ou encore légumes secs, la ferme s’est largement diversifiée depuis ses débuts, profitant du salon pour nouer d’éventuels partenariats et livrer ainsi ses produits à Paris, « à raison d’une ou deux fois par semaine », confie Jérôme Chenevière.
L’expansion, c’est aussi au cœur de Pierre & Tim, une entreprise qui a centré sa production sur des cookies artisanaux. « L’objectif de notre présence ici, c’est de faire connaître nos cookies à toutes les régions », assure Frédéric Bellanger, manager sur les boutiques de l’entreprise. Avec deux premiers salons de thé à Versailles, l’entreprise compte bien étendre la zone de vente de ses cookies.

La production locale au cœur de l’Essonne
« Je ne conçois pas un jour sans faire de la confiture, c’est une passion qui est devenue mon métier », confie Brigitte Le pelletier. En se lançant comme auto-entrepreneure en 2002, elle ne s’attendait pas à connaître un si grand succès, au point de laisser le salon de thé qu’elle a créé pour ne vendre que des confitures. « Lorsque j’avais le salon, je proposais des crêpes party, comme ça les gens pouvaient goûter mes confitures. Ça a tellement bien marché que j’ai dû faire un choix entre les confitures et le salon, sinon j’étais au chaudron toute la nuit », explique-t-elle. Ses clients, ce sont surtout les hôtels franciliens, qui se procurent ses produits pour les proposer au petit-déjeuner. Il y a aussi les particuliers qui ont connu la Corbeille à Confitures par le bouche-à-oreille et qui commandent sur le site de l’entreprise pour récupérer les pots au magasin. Étonnants, les mélanges de la maîtresse confiturière ne laissent pas indifférent, car dès que l’on sort des classiques gammes de fruits rouges et fruits exotiques, les vedettes de la marque révèlent des confitures au cornichon ou de lentilles glacées. « Un producteur m’a mis au défi de faire quelque chose de ses lentilles », assure Brigitte Le Pelletier, qui, dans son chaudron de cuivre les a transformées dans une version sucrée. Avec son entreprise, elle a adhéré à “Made in Essonne”, une charte de qualité qui regroupe 130 entreprises essonniennes, propulsée par Essonne Tourisme. Made in Essonne propose donc des événements tout au long de l’année pour les adhérents, communique sur les actualités de leurs entreprises. « Les Essonniens n’ont pas forcément le réflexe d’aller chercher un produit local », reconnaît Jean-Baptiste Sorteix-Colas, chargé de développement terroir et artisanat pour Essonne Tourisme. Pourtant, ce ne sont pas les producteurs de proximité qui manquent. « Nous ne produisons qu’en circuit très court, il y a 1,5 km entre le champ et le four pour la fabrication de nos pains », assure Jérôme Chenevière. Prônant le manger local, il défend le “locavorisme”. En plus de vendre directement à sa ferme ou sur les marchés, il travaille main dans la main avec les magasins Biocoop et certaines Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap), assurant que tous ses revendeurs sont à 20 km, au maximum, de son exploitation.

L’innovation agricole en Hauts-de-Seine et en Yvelines
Avec des sodas 100 % fabriqués en Île-de-France, la Limonaderie de Paris a déjà conquis son public. Depuis 2013, le Paris Cola promet un produit local, francilien, élaboré avec du sucre de betterave entièrement produit en Île-de-France. Pourtant, si la marque est locale, la production ne l’était pas au début. « Ça ne faisait pas de sens de proposer un produit qui n’était pas produit localement », confie Clémentine Crequy, salariée de l’entreprise. Alors, ni une, ni deux, la Limonaderie a recentré en 2019 son lieu de production dans les Hauts-de-Seine, à Nanterre. Depuis, la marque étend sa gamme de semaines en semaines, proposant des produits 100 % français aux arômes 100 % naturels. Limonades aromatisées, colas, boissons bio ou encore spiritueux ont déjà conquis des grandes enseignes telles que la Grande Épicerie de Paris, le BHV, ou des plus petits consommateurs qui peuvent commander directement les boissons en ligne, depuis le site de e-commerce de l’entreprise. Pour Pierre & Tim, ce sont leurs salons de thé qui ont la côte depuis le lancement de leur entreprise, il y a six ans déjà. Élaborés avec de la farine, des œufs, du beurre et du chocolat provenant des Yvelines, difficile de faire plus local que les ingrédients de ces cookies artisanaux. Les seules exceptions vont aux produits traditionnels régionaux, tel que le caramel au beurre salé, tout droit venu de Bretagne ou la fleur de sel de Guérande. Les cookies des deux cofondateurs rencontrent déjà un franc succès et font craquer plusieurs revendeurs en Île-de-France comme La Vie Claire, Super U, etc. Une chose est sûre : en Essonne comme dans les Yvelines ou les Hauts-de-Seine, les petits producteurs locaux sont déterminés à mettre en avant les produits et richesses de leur territoire, mettant au passage en avant, cette forme d’artisanat chère aux Français.