Le président de la République, Emmanuel Macron, n’a pas manqué de féliciter Alain Aspect. « L'intrication quantique, Einstein lui-même n’y croyait pas ! Sur ce phénomène reposent aujourd'hui les promesses de l'informatique quantique. Félicitations à lui », a-t-il déclaré.
« Quelle fierté pour Alain et pour la France ! Cher Alain, c’est tellement mérité ! Cette distinction valorise la physique auprès des jeunes et permettra à la France d’entretenir son attractivité en matière scientifique ! », a également souligné Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. De son côté, Estelle Iacona, présidente de l’université Paris-Saclay, a fait part de son « immense émotion » et de sa « grande fierté » pour l’obtention de ce prix.
« Félicitations à Alain Aspect. Étudiant à l’Université Paris Sud, professeur à l’ENS Paris-Saclay, habitant de Gif-sur-Yvette, … un parcours résolument Essonnien ! », s’est réjoui François Durovray, président du Département de l’Essonne.
Le phénomène d’intrication quantique
Alain Aspect a remporté cette distinction avec deux autres chercheurs, l’Américain John F. Clauser et l’Autrichien Anton Zeilinger, pour leurs travaux expérimentaux sur l’intrication qui ont permis d’appréhender le cœur de la théorie quantique. Le chercheur essonnien avait déjà reçu la Médaille d’or du CNRS en 2005, le prix Wolf en 2010, la médaille Albert-Einstein en 2012, le prix Balzan et la médaille Niels Bohr en 2013.
Il faut dire que le chercheur a voué sa vie à ces travaux, jugés révolutionnaires. Né en 1947 à Agen, et ancien élève de l'École normale supérieure (promotion 1965 de l'ENSET), physicien et spécialiste de l’optique et de la physique quantiques, directeur de recherche au CNRS depuis 1992, Alain Aspect se distingue dès 1982 par la mise en évidence, de manière non ambiguë, de la propriété quantique fondamentale d’intrication quantique.
En étudiant précisément une source de lumière contrôlée, il a établi de manière irréfutable le phénomène d'intrication quantique et ainsi apporté une réponse expérimentale au paradoxe EPR proposé une cinquantaine d'années plus tôt par Albert Einstein, Boris Podolsky et Nathan Rosen. Il a alors démontré la violation des inégalités de Bell établies quelques années auparavant. Cette découverte traduit la capacité de deux photons à se comporter comme un système quantique unique, même à distance l’un de l’autre, dès lors qu’ils ont interagi dans le passé.
Une avancée majeure, ayant ouvert la voie au domaine des nouvelles technologies quantiques, qui révolutionnent aujourd’hui le traitement et la communication de l’information. En 1984, alors maître de conférences à l'École polytechnique et sous-directeur de laboratoire au Collège de France, il travaille sur la méthode de refroidissement d'atomes par laser dite « sous le recul du photon ».
Il se rapproche notamment de Claude Cohen-Tannoudji, prix Nobel de physique 1997 et membre du Laboratoire Kastler-Brossel (CNRS/Collège de France/ENS Paris/Sorbonne Université). En 1986, Alain Aspect démontre expérimentalement la dualité onde-particule pour un photon unique.
Alain Aspect, directeur de recherche émérite au CNRS
Depuis, avec son groupe d'optique atomique qu'il a créé en 1992 à l'Institut d'Optique Graduate School, il apporte des contributions majeures aux fondements de la condensation de Bose-Einstein et de l'optique atomique, où les atomes révèlent leur nature ondulatoire et peuvent donc être focalisés, diffractés et interférer.
Le chercheur est aussi reconnu pour avoir éclairé les aspects fondamentaux du comportement quantique des photons uniques, des paires de photons et des atomes, et pour avoir contribué à la compréhension du monde quantique. Le CNRS, l’Université Paris-Saclay, l’Institut d’Optique Graduate School, l’ENS Paris-Saclay et l’École polytechnique ont indiqué se réjouir de cette distinction, « amplement méritée », venant récompenser des années de recherche pionnières dans le domaine clef de la physique que sont les technologies quantiques.
L’Académie des technologies félicite Alain Aspect
Les membres de l’Académie des technologies ont également salué le travail de leur confrère Alain Aspect, qui est par ailleurs membre fondateur de cette institution. « C’est une grande satisfaction pour les membres de l’Académie des technologies et pour notre pays et surtout une grande fierté. Nous étions nombreux à espérer que cette consécration vienne saluer les avancées majeures en physique quantique permises grâce à l’excellence du travail d’Alain », s’est réjoui Denis Ranque, son président.
« C’est toute la communauté scientifique française qui est honorée par ce quinzième prix Nobel de physique obtenu par notre pays. Cette récompense met aussi à l’honneur le cluster scientifique et technologique Paris-Saclay, écosystème au sein duquel collaborent de nombreux laboratoires publics et d’entreprises, dont Dominique Vernay, ancien vice-président de l’Académie des technologies. Ce dernier a produit trois prix Nobel en physique en quinze ans et a nourrit l’innovation de nombreux groupes industriels et start-up », a ajouté l’Académie.
