« Depuis quelques jours, nous entendons beaucoup parler de l’état de notre système judiciaire, et au-delà, du fonctionnement de la justice dans notre pays. C’est une excellente chose », a déclaré d’emblée Eric Dupond-Moretti en introduisant sa conférence de presse lundi matin.
Intitulée « Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas et qui chronomètre tout », la fameuse tribune des professionnels du droit ayant motivé cette réaction de la Chancellerie, publiée le 23 novembre dernier, est sans appel : elle demande davantage de moyens, matériels comme financiers, pour remettre sur de bons rails le système judiciaire.
La Chancellerie travaille sur sept axes d’amélioration
Suite à la publication de « cette tribune qui témoigne du mal-être des professionnels », le garde des Sceaux a « immédiatement reçu certains d’entre eux à la Chancellerie et échangé avec eux de manière sereine et constructive ».
« Leur parole doit non seulement être écoutée mais encore prise en considération et surtout entendue »,
a expliqué Eric Dupond-Moretti en appelant à un exercice de « diagnostic partagé pour y voir clair sans travestir la réalité ».
Le ministre a ensuite annoncé que ses services ont réfléchi à des mesures concernant l’augmentation des effectifs de magistrats (380 auditeurs en 2022 avec 80 postes au concours complémentaire) ; leurs recrutements (1 414 contrats de 3 ans pérennisés) ; les Etats généraux de la Justice (solutions en discussions) ; l’accompagnement psychologique des magistrats (numéro vert) ; le soutien des jeunes juges (parrainage) ; l’amélioration de leurs conditions de travail (budget autonome dédié au bien-être – éviter des audiences tardives) ; et enfin des progrès en matière informatique (travail d’expertise sur le terrain pour remédier aux difficultés chroniques causées par le logiciel Cassiopée).
Éric Dupond-Moretti défend son bilan
« La Justice a été longtemps abandonnée. trois fois abandonnées : humainement, budgétairement et politiquement », a reconnu le garde des Sceaux, ne manquant pas de défendre son bilan avec des données chiffrées sur les progrès accomplis, notamment l’amélioration des équipements informatiques des tribunaux, et vantant le budget annuel « historique » qu’il a obtenu avec deux hausses successives de 8 %.
« Le directeur des services judiciaires va interroger les chefs de cours dès cette semaine pour qu’ils lui indiquent les besoins précis en magistrats et documentés par fonction », a-t-il annoncé mettant l’accent sur les solutions visant à remédier à l’abandon humain qu’il considère comme essentielles et prioritaires.