Issu de la contraction de méta et d’univers, le mot tire son origine de la science-fiction. « Chacun met ce qu’il veut derrière, mais c’est l’idée d’un monde numérique parallèle, persistant, qui continue à évoluer, même quand vous n’êtes pas connectés. C’est un monde en 3D et on s’y rend grâce à la réalité virtuelle, et demain à la réalité augmentée ou mixte », explique le journaliste, précisant que le rêve ultime du métavers serait la fusion du réel et du virtuel, certains accessoires permettant d’avoir des informations venant du monde virtuel qui se superposeraient à notre monde réel.
Certaines entreprises s’en sont déjà emparées, comme Meta (ex-Facebook), qui a conçu une salle de réunion virtuelle. « J’ai testé, et c’est agréable, bien plus que la visio. Serait-ce l’après visio et le futur des interactions à distance ? », s’interroge Jérôme Colombain.
Certains jeux ont déjà exploré le métavers, tel que Second Life en 2003, ou Minecraft plus récemment. Des entreprises privées ont aussi développé des espaces virtuels sur ordinateur, dans lesquels il est possible d’interagir, de jouer, de dépenser de l’argent, ou encore d’acheter des terrains et des objets virtuels. Sur Decentraland, un terrain s’est par exemple vendu à 2,5 millions de dollars. De grandes marques se positionnent également : c’est la « digital fashion ».
Les sommes déjà investies laissent imaginer quelques bribes de ce que sera le métavers : Meta a d’ores et déjà annoncé vouloir investir 10 milliards de dollars et embaucher 10 000 personnes. L’objectif final ? Convertir un milliard de personnes au métavers. « Pour le patron de Facebook, le métavers c’est l’ère qui suit les smartphones et l’internet que nous connaissons aujourd’hui », précise le journaliste.
Des entreprises se positionnent
C’est donc un nouvel espace de communication, de divertissement et de commerce qui s’ouvre pour ces entreprises. « Quelque 3003 trillions de dollars de chiffre d’affaires se feront dans le métavers sur la prochaine décennie », précise Jérôme Colombain. D’autres entreprises, comme EDF, ou Carrefour, plus récemment, s’y intéressent. Carrefour a notamment acheté un terrain virtuel dans The Sandbox et a organisé une séance de recrutement dans le métavers. « Cette dernière expérience est à relativiser, puisque ce n’est pas vraiment du métavers : les candidats n’étaient pas équipés d’un casque de réalité virtuelle, c’est une opération de communication qui a eu pour but de recruter des professionnels de la data », ajoute le journaliste.
Les initiatives peuvent aller beaucoup plus loin, comme en Corée du Sud, où le bureau de la mairie a annoncé le lancement d’un métavers public, c’est-à-dire un univers virtuel où il sera possible de faire ses démarches d’état civil. « On est toujours dans l’expérience utilisateur, l’accès à l’information, mais le mode a changé. Il faut savoir que 17 millions de Français sont encore éloignés du numérique. Le métavers pourrait leur simplifier les choses », avance Jérôme Colombain.
Mais qui met-on derrière les guichets, des agents humains ? Le service serait difficile à assurer 24h/24. « Sans doute que l’on va aller vers une utilisation des robots conversationnels, les chatbots. Puis lorsque l’intelligence artificielle le permettra, elle répondra à nos demandes », estime Jérôme Colombain.
Les risques inhérents au métavers
Si le métavers promet une série d’avancée, comme toute technologie, il s’accompagne de certains problèmes. « Si c’est internet puissance 10, alors les problèmes d’aujourd’hui se retrouveront puissance 10 », projette le podcaster.
Quels sont les risques en termes de capacités cognitives ? Le métavers serait 40 fois plus addictif que le jeu vidéo sur écran, selon Jérôme Colombain. Des affaires de harcèlement sexuel ont même déjà eu lieu. « Quand on essaie ce type d’outil, cela peut être violent psychologiquement, même s’il n’y a pas d’atteinte physique », souligne le spécialiste.
Le risque peut aussi porter sur la vie privée : dans un monde hypersurveillé, serons-nous également sous la coupe des entreprises privées qui s’emparent du métavers ?
Que ferons-nous en cas d’usurpation d’avatar (lors d’un entretient d’embauche par exemple) ? Et en cas de vol d’objet virtuel ? Des identifications fortes de type biométrique pourraient se développer. L’autre point noir serait l’impact environnemental : qui dit nouvelle technologie dit nouveaux équipements, nouveaux réseaux, et nouveaux datacenters énergivores.
Une question se pose aussi en matière de souveraineté, les métavers s’appuyant sur des technologies américaines. Pour répondre à cette problématique, Emmanuel Macron notamment a évoqué l’idée d’un métavers européen. L’Union européenne est consciente de ces problèmes et a déjà réagi, notamment avec le RGPD, prouvant que cela pourra être aussi le cas avec le métavers.
« A l’avenir, on pourra faire du commerce, acheter des vêtements et des œuvres d’art virtuelles et on les paiera en cryptomonnaies. Le métavers parait enfantin, mais ; selon moi, il faut partie de notre futur. Il faudra l’adapter aux besoins, former les utilisateurs, réguler. C’est un champ de potentiels mais qui comporte malgré tout un certain nombre de risques », conclut Jérôme Colombain.