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Jorge De Carvalho, un patron dans la crise

« Je suis d'une famille qui aime recevoir. J'ai toujours vu ma mère cuisiner, et prendre du plaisir à partager ses bons petits plats » confie Jorge De Carvalho. Dans une autre vie, il était directeur marketing. Il y a une dizaine d'années, il prend un virage radical et se reconvertit pour essayer de trouver une voie qui correspond mieux à ses valeurs. Il choisit alors la boucherie.
Jorge De Carvalho, un patron dans la crise
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Économie Publié le ,

En 2009, il achète la boucherie “La Limousine”, à Sartrouville, puis une charcuterie-traiteur-pâtisserie en 2017, à Houilles, “Aux Fins Gourmets”. « Les deux activités sont complémentaires » assure Jorge De Carvalho qui gère aujourd'hui les salariés. Avant le début de cette crise sanitaire, ses deux affaires marchaient plutôt bien. « Il n'y avait jamais eu de problème de consommation », assure le gérant. « Les gens faisaient des réceptions, les entreprises des cocktails. Mais aussi des fêtes familiales, des baptêmes. En boucherie, on consomme toujours de la viande. La crise a amené les gens à moins consommer. Les entreprises ne faisaient plus de commandes de gâteaux. Plus de cocktails, ni de plateaux-repas. J'avais des repas de 20 personnes avant. Nous avons eu une baisse de chiffres d'affaires de 20 %. »

Au mois de mars, Jorge De Carvalho développe l'offre en boutique pour sa charcuterie-traiteur : « Début mars, cela a été difficile pour le traiteur, surtout au niveau de la pâtisserie. Dès la fin du confinement, nous avons repris et nous n'avons pas eu besoin de chômage partiel. Nous nous sommes adaptés. Les gens restant chez eux et ne pouvant plus aller travailler venaient chercher à manger à la boutique. Il n'y avait plus de cantine. En ce qui concerne la boucherie, il y avait plus de gens qui venaient en journée pour se faire à manger. Ce qui n'était pas le cas avant. »

Le soutien des collectivités locales

La mairie de Houilles, celle de Sartrouville et la région Ile-de-France ont été présents auprès des commerçants et de l'entrepreneur. « Beaucoup de dispositifs ont été mis en place. Nous n'en avons pas eu trop besoin, mais ils étaient là et prêts à aider. Je peux aussi citer la fédération de la boucherie qui était également présent pour tout sorte d'aides. » Les clients habituels sont au rendez-vous mais Jorge voit apparaître aussi de nouveaux clients. Il pousse alors la livraison et propose à ses clients pour Noël des menus pour quatre ou cinq personnes, adaptés à la situation sanitaire. « Certains clients ont découvert ce que l'on faisait, les menus aussi. C'était assez stressant, car nous ne savions pas combien de temps allait durer le confinement. Cette période a eu un grand impact sur la population. Cela n'amène pas à dépenser son argent. Nous n'avons pas à nous plaindre, nous avons pu continuer à travailler. Je vois mes confrères en restauration et les magasins comme les coiffeurs qui ont dû fermer pendant un moment, ils n'ont rien eu à manger et n'ont pas pu travailler. »

Habitué aux gestes barrières dans ses deux entreprises, il ne compte aujourd'hui aucun cas de Covid parmi ses employés. Contraint de baisser le rideau plus tôt du au couvre-feu et de subir du coup une baisse de chiffre d'affaires, Jorge de Carvalho garde espoir en l'avenir : « Je suis obligé de me projeter sur l'avenir. On se dit que si on arrive à travailler un peu, quand tout ira mieux, on retrouvera l'activité d'avant. Travailler avec les entreprises, organiser les cocktails et les anniversaires. Le problème, c'est le temps que tout cela va durer. Nous ouvrons plus tôt l'après-midi. Nous restons des petites entreprises. C'est une période où nous devons être optimistes. Les restaurateurs ont vraiment un grand courage, je ne sais pas si j'y arriverais si j'étais à leur place. »

Le click & collect et ses limites

Le click & collect largement répandu et mis en place par les commerçants, ne peuvent pas s'adapter à tous les achats selon Jorge De Carvalho : « Les gens auront toujours besoin de présence physique. De voir le magasin, de regarder, de toucher. Le contact charnel avec le produit ne partira jamais. Pour certains produits, le click & collect est pratique. Pour un repas d'anniversaire, ce n'est pas possible. Il faut venir voir, discuter. Le click & collect, c'est impersonnel et cela se fait pour des choses que l'on connaît. Cela fait partie du commerce, mais ce n'est pas le commerce. Le commerce, c'est le vendeur et l'acheteur. C'est le nerf de la guerre. Le jour où cela change, j'arrête. Je veux travailler avec des gens que je vois. Je veux voir mes équipes et mes clients. »

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