AccueilTerritoireXavier Iacovelli : " Il faut continuer à réformer le pays !"

Xavier Iacovelli : " Il faut continuer à réformer le pays !"

Xavier Iacovelli, sénateur des Hauts-de-Seine, mais aussi délégué général de Territoire de Pogrès, revient sur la rentrée du Sénat et de l’Assemblée nationale et évoque les sujets chauds de l’actualité.
Xavier Iacovelli : " Il faut continuer à réformer le pays !"
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Territoire Publié le , Propos recueillis par Boris Stoykov

Affiches Parisiennes : Le Parlement a recommencé à travailler en octobre après une pause estivale. Comment se passe la législature actuellement ? L’ambiance est-elle tendue au Sénat ?

Xavier Iacovelli : Au mois de septembre, nous n’avons pas siéger au sein de l'hémicycle, mais nous étions présents dans des commissions et différentes auditions pour justement préparer les différents projets de loi et propositions de loi que nous étudions actuellement au Sénat. Donc en fait, nous avons repris réellement depuis la mi-septembre et effectivement, c’est assez intense. En ce moment, il y a beaucoup de textes de loi, et de propositions de lois qui arrivent. Puis, il y a aussi une volonté du Gouvernement et du Pouvoir exécutif de continuer à réformer le pays. Donc, c'est pour ça que le Parlement est très sollicité, à la fois l'Assemblée nationale et le Sénat. Nous rentrons actuellement dans une période budgétaire où nous devrions avoir les éléments à partir de la semaine prochaine, quand l'Assemblée nationale aura fini de voter.

A. -P. : Actuellement, nous traversons quelques crises, avec notamment le carburant et l’inflation. Nous avons vu des manifestations, plus de 30 % des stations de service manquent toujours d'essence. Comment analysez-vous les problèmes rencontrés ?

X. I. : Nous n’avons pas commencé le quinquennat sous les meilleurs auspices. Effectivement, nous avons différentes crises à gérer, comme nous en avions eu d’autres à gérer à la fin du quinquennat précédent. Donc, la question de la crise énergétique, due en grande partie à la guerre en Ukraine, nous pousse aussi à accélérer sur la transition énergétique et ça, c'est plutôt une bonne chose. Ensuite, il y a aussi la nécessité de protéger le pouvoir d'achat des Français et c'est pour ça que nous avons mis en place un certain nombre de mesures de protection du pouvoir d'achat depuis le mois de juillet, dès que l'Assemblée nationale a été renouvelée. Cela a été la volonté de l'exécutif et de la majorité présidentielle de présenter des premiers textes concernant le pouvoir d'achat et la protection des Français, avec d'abord le gel sur le gaz, puis le bouclier tarifaire sur l'électricité. Et si nous ne les avions pas mis en place, c'est une augmentation de 100 à 120 % que nous aurions eu sur l'énergie et donc il était important que le Gouvernement le fasse. Nous sommes aujourd'hui, le pays européen où le particulier paie le moins cher son énergie et il faut continuer parce que la réalité c'est que cette énergie va continuer d’augmenter avec les différentes pressions. D'où l'importance d'organiser et d'investir fortement dans une souveraineté européenne de l'énergie, mais aussi nationale. Dans ce sens, le président avait lancé en anticipant avant même la guerre en Ukraine, le projet de la France 2030 pour pouvoir être plus souverain sur la question du nucléaire et développer les énergies renouvelables, notamment les éoliennes en mer. Tout ça, ce sont des projets qui sont en cours et il faut réduire les délais des études pour installer de nouvelles énergies renouvelables. Je pense que nous avons aussi besoin d'accélérer cette transition énergétique qui est une priorité. D'ailleurs, c'est pour cela que le président de la République a demandé à la Première ministre Elisabeth Borne de prendre la responsabilité de cette transition écologique et qu’une ministre de l'Énergie et qu’un ministre de la Transition énergétique ont été nommés. Ces éléments prouvent bien qu’aujourd'hui, c'est un sujet majeur pour le Gouvernement, mais aussi un sujet majeur pour les Français. Il faut maintenant continuer à aider le pouvoir d'achat des Français en revalorisant un certain nombre d'outils nationaux comme les allocations, les minima sociaux, le SMIC, déjà revalorisé à trois reprises en 2022, mais aussi avec le renouvellement du bouclier énergique que nous avons décidé de prolonger pour 2023, et toutes les mesures de sobriété qui vont permettre de réduire la voilure, entre guillemets, de la consommation.

A. -P. : Les syndicats ont demandé l’activation de la clause de revoyure salariale, pouvez-vous nous dire quelle est votre position à ce sujet ?

X. I. : S’il y a une clause de revoyure qui s’adapte, moi ça ne me choque pas. Si vous voulez, je ne suis pas choqué par les revendications des salariés de Total et des entreprises en général qui font du bénéfice y compris durant cette crise-là. En revanche, là où je suis choqué, c'est qu'à partir du moment où un accord majoritaire est trouvé entre les organisations syndicales, qui représentent la majorité des salariés de l'entreprise Total, et la direction de Total, qu'une minorité puisse bloquer le pays. Donc il y a eu effectivement une négociation, 7 % d'augmentation, une prime sur 2022 et je rappelle quand même qu'il y a un intéressement important puisque les salariés de Total sont tous actionnaires de l’entreprise. Donc qu’il y ait une clause de revoyure à partir de janvier 2023, notamment pour adapter une revalorisation par rapport à l'inflation qu’il y aura à cette date-là, ça ne me choque pas, c’est même tout à fait normal. Ce seront des discussions à avoir avec la direction, mais en tout cas, le Gouvernement et l'exécutif sont très attentifs à cela et nous incitons régulièrement les entreprises à augmenter les salaires quand elles le peuvent, sans se mettre elles-mêmes en difficulté. C’est normal qu’une entreprise qui fait du bénéfice et redistribue des dividendes, puisse monter le salaire de ses employés et c’est ce qui a été fait, notamment chez Total et Esso.

A. -P. : Certains députés ont annoncé le dépôt prochain d'une proposition de loi concernant la clause de revoyure. Est-ce que vous pensez que cela est une bonne chose ?

X. I. : Personnellement, je crois au dialogue social, donc je ne suis pas sûr que tout doit toujours passer par la loi. À partir du moment où nous faisons confiance aux organisations syndicales et au patronat pour se mettre autour d'une table et faire en sorte de trouver la meilleure solution pour les salariés, bien évidemment sans mettre en difficulté l'entreprise et sa viabilité. Moi, je crois en ce dialogue social et j’y ai toujours cru, je suis un social-démocrate, donc je crois à cette discussion et à ces négociations. Et d'ailleurs, je pense que la meilleure solution, c'est ce qu'aujourd'hui le ministre de l'Économie a pu faire auprès des entreprises en les incitant à négocier et en tapant un peu du poing sur la table lorsqu'il y a peut-être un frein du côté de la direction. C'est ce qui s'est passé avec Total, le Gouvernement a fini par dire qu'il était temps de se remettre autour de la table pour négocier sur la question des salaires. Donc moi, je ne pense pas que tout doit passer par la loi. Et encore, je fais confiance aux organisations syndicales et au dialogue social.

A. -P. : Quel sujet important est actuellement sur la table au Parlement ?

X. I. : Aujourd'hui, nous parlerons de la constitutionnalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG). C’est un sujet important. Je suis cosignataire de cette proposition de loi et je la défendrai dans l'hémicycle. Quand nous sommes attachés à la fois à la grande loi de Simone Veil, cette grande loi de progrès, mais aussi à ce que les femmes puissent disposer librement de leur corps, et au fait que notre pays est le phare pour un certain nombre de pays et de personnes opprimées dans le monde, et ça depuis des années, je pense qu’il est extrêmement important de constitutionnaliser un droit fondamental pour les femmes de notre pays. Et moi, j'appelle justement tous les conservateurs qui pourraient avoir un doute sur cette constitutionnalisation de se rappeler du combat de Simone Veil et de toutes ces femmes qui ont lutté pour avoir cet acquis, mais aussi à ces millions de femmes qui, elles, ne l’ont pas dans leur pays. Et donc, si nous voulons protéger cette loi, si nous voulons protéger l'interruption volontaire de grossesse, le fait de la constitutionnaliser est un signal fort envoyé aussi aux autres pays dans le monde.

A. -P. : Ce sujet va être évoqué en commission des lois du Sénat ?

X. I. : Non, ça a été rejeté en commission des lois par la majorité sénatoriale, et nous passons dans l’hémicycle aujourd’hui. J’en appelle donc à la responsabilité des sénatrices et des sénateurs de la majorité. Encore une fois, je pense que c’est aussi un moyen de demander au Gouvernement d'avoir un accès effectif à l’IVG dans tous les territoires, parce que nous voyons que dans le milieu rural, nous rencontrons parfois des difficultés à avoir accès à l’IVG. Donc le fait de constitutionnaliser l’IVG permettra aussi de pousser le Gouvernement à rendre ce droit effectif dans l'ensemble du territoire, quel que soit le département.

Pour l’instant, nous avons le soutien du Gouvernement et de sept groupes du Sénat sur huit. Donc, c'est quelque chose qui peut être consensuel. Encore une fois, 83 % des gens soutiennent l'interruption volontaire de grossesse et 81 % des Français soutiennent la constitutionnalisation de ce droit. Donc, il serait temps et important que le Sénat soit pour une fois en cohérence aussi avec les attentes des Français.

A. -P. : Une grosse récupération politique de la part du Rassemblement national a été fait suite à l’assassinat de Lola. Qu’en pensez-vous ?

X. I. : Ce que j'en pense, c'est surtout l'indécence aujourd'hui de certains parlementaires qui préfèrent jouer les électoralistes plutôt que d'avoir une pensée à la fois pour Lola et aussi pour sa famille qui est dans une souffrance imaginable quand on perd un enfant, en plus dans ces circonstances. Donc ce qui m’importe, c'est avant tout la famille de cette petite qui a été assassinée.

Ensuite, sur la récupération politique, nous ne sommes pas à une indécence près de la part des extrêmes, de gauche comme de droite. Si la suspecte avait été française, le sujet aurait été le même, cette petite fille a quand même été assassinée et donc, je pense que l’indécence a ses limites dans ce genre de cas. Moi qui travaille sur la protection de l'enfance, c’est avant tout à l'enfant et à la famille que je pense en ce moment.

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