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Guillaume Cairou : « L’entreprenariat est une voie royale pour réussir »

Guillaume Cairou est le président de la Chambre de commerce et d’industrie des Yvelines. Pour cet optimiste invétéré, la période de crises que nous traversons représente, paradoxalement, une source d’opportunités pour les Français en quête de sens.
Guillaume Cairou est le président de la Chambre de commerce et d’industrie des Yvelines.
© SIDF - Guillaume Cairou est le président de la Chambre de commerce et d’industrie des Yvelines.

Économie Publié le , propos recueillis par Quentin Clauzon

Guillaume Cairou est le président de la Chambre de commerce et d’industrie des Yvelines. Issu d’un milieu modeste, il a été sensibilisé très jeune à l’entrepreneuriat. C’est âgé de 30 ans qu’il a fondé Didaxis, une société spécialisée dans le portage salarial, passée en 10 ans d’un à 1000 salariés. Ce parcours - qui l’a amené à s’engager au service de ses pairs, à l’échelle locale, nationale et internationale, notamment au Medef -, lui a valu de recevoir, en novembre dernier, l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du mérite. Pour cet optimiste invétéré, la période de crises que nous traversons représente, paradoxalement, une source d’opportunités pour les Français en quête de sens.

Comment appréhender l’avenir, dans cette période de crises qui s’accumulent ?

Guillaume Cairou : Alors effectivement, nous attaquons 2023 dans une période totalement inédite de notre Histoire. La crise sanitaire, la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la crise climatique, des sécheresses qui alternent avec des périodes de grand froid… Mais aussi des problématiques d'approvisionnement pour l'ensemble de nos artisans et TPE-PME, des difficultés de recrutement, dans des secteurs de notre économie tels que le tourisme, les cafés-hôtels-restaurants (CHR), ou encore les industries manufacturières. A cela s’ajoute, globalement, une période de crise sociale, une période de réformes nécessaires. Bref, un cocktail détonnant, pour une destruction créatrice dans l'esprit Schumpetérien et qui finalement peut être une véritable opportunité pour les Français qui cherchent à donner du sens à leur vie. Nous venons d'apprendre que plus de 100 000 personnes ont quitté Paris pour la province et obtenir une meilleure qualité de vie. Parce qu'aujourd'hui, tout est à réinventer. Et c'est cela, la vraie force de cette période. Et qui va réinventer ce monde de demain ? Ce sont nos jeunes. 85 % des métiers de demain n'existent pas encore. Je veux parler de tous ces métiers portés par l'intelligence artificielle, la robotique, le quantique, la transition écologique et la transition numérique. C'est là une véritable opportunité pour ceux qui souhaitent créer leur activité, créer leur emploi. Le mouvement est déjà lancé, puisque nous avons en avons créé, en 2022, au niveau national, plus d'un million d’entreprises. L’Île-de-France affiche également une croissance positive, avec la création de plus de 10 000 entreprises en valeur absolue de plus que l'année précédente.

Cela fait écho à votre propre parcours ?

G.C. : Oui, les opportunités sont accessibles à tout un chacun, sans condition de diplôme, sans condition d'expérience, sans condition d'âge. Aujourd'hui, nous avons des créateurs d'entreprises qui ont moins de 18 ans, qui n'ont pas d'expérience, qui n'ont pas de diplôme. La moyenne d'âge des créateurs d'entreprise, aujourd'hui, c'est 36 ans. Nous avons perdu plus de quinze ans de moyenne d'âge en l'espace de quelques années. Parce que tout simplement, l'entrepreneuriat, c'est le premier levier de l'ascenseur social. C’est un levier qui n'est pas élitiste, qui permet à tout un chacun de se créer son propre emploi. Donc c'est une voie royale aujourd'hui pour réussir et prendre cet ascenseur social.

Que pensez-vous de la « grande démission » qui fait débat actuellement ?

G.C. : Aujourd'hui, effectivement, on parle de grande démission. Ce qui est important, je pense, c'est le sens de la valeur travail qui m'est chère, qui est chère aux chambres de commerce et d'industrie. Comment, comme je le disais, accompagner les différentes transitions nécessaires, écologique, climatique, et numérique, en réinventant un certain nombre de secteurs d'activité ? Il faut également accompagner les reconversions professionnelles, puisque près de neuf salariés sur dix vont devoir se reconvertir, vont devoir apprendre de nouveaux métiers ou en tout cas adapter leur métier aux technologies du futur, notamment poussés par l'intelligence artificielle, par la robotique, par un certain nombre de technologies. La question est de savoir comment on les accompagne, comment on leur permet de trouver un sens à leur vie, à leur travail, à leur vie professionnelle en adéquation avec les besoins des territoires.

Justement, cette quête de sens peut passer par l’apprentissage de métier manuels, par l’artisanat ?

G.C. : Dans cette recherche de sens de ces salariés. Il y a trois grands axes. Il y a bien évidemment la nécessité de remettre au goût du jour un certain nombre de métiers oubliés, de métiers anciens. Je prends l'exemple d'un territoire comme les Yvelines, avec énormément de haras, un des plus grands cheptels de chevaux dans notre territoire. Nous manquons pourtant de maréchaux-ferrants. De la même façon, nous n’avons plus de tailleurs de pierre, alors que nous sommes le premier territoire en termes de châteaux et de demeures historiques. Nous n’avons plus d'artisans boulanger, ni de buralistes, ni de forgerons ni d'artisans d'art. Il y une série de métiers à remettre au goût du jour. Je pense aussi aux métiers en tension autour de la silver économie, de l'économie sociale et solidaire, de la dépendance à domicile, de la médecine ambulatoire, de la santé, globalement, avec une population de plus en plus vieillissante et dépendante pour une partie. Je pense également à tous les métiers liés à l'industrie du futur, notamment portés par le code, qui est accessible à tous. Sans parler d’ingénieurs informatique, nous manquons, dans notre pays, près de 100 000 codeurs. Ce sont des métiers qui sont accessibles aux jeunes de nos territoires, aux jeunes de nos quartiers. Voilà les grands axes pour trouver une opportunité pour demain.

Pensez-vous que les Français n’aiment pas l’entreprise ?

G.C. : En fait, les Français n'aiment pas les grandes entreprises, ils n'aiment pas une poignée d'entreprises. On parle, là, des superprofits d'une poignée de boîtes. Mais 99 % des entreprises françaises sont des TPE-PME, des micro-entreprises, des entreprises qui ont, en moyenne, deux salariés et demi. C’est cela la réalité économique dont nous parlons. Mais cette réalité ne fait pas la une des médias. Par conséquent, les Français n'aiment pas l'entreprise qui fait des milliards d'euros de profit, notamment dans des secteurs polluants. C'est dans des secteurs qui n'ont pas de sens et cela, on peut le comprendre. Mais ce n'est pas l'immense majorité des entreprises, qui sont de toutes petites structures. Et ces entreprises-là, elles sont accessibles à tout un chacun.

Les atouts de l’Île-de-France et des Yvelines pour entreprendre

Pour faciliter les créations d’entreprises que Guillaume Cairou appelle de ses vœux, le département et la Région ont des atouts maîtres.

« Nous avons la chance d'être dans l'un des premiers territoires économiques de notre pays, deuxième territoire économique de France, première région économique d’Europe, avec 1 350 000, près de 33 % du PIB français dans cette partie. On y trouve l’un des couloirs économiques parmi les plus importants du continent, l'axe Seine, qui va du Havre jusqu'à Rotterdam, avec toutes ces industries portées le long de ce fleuve. Nous avons Ariane Group aux Mureaux, Airbus, toutes les industries de la Défense et de l'automobile, mais aussi de très nombreux sièges sociaux de grands groupes de plus de 5000 salariés puisqu'on en dénombre près de 200 dans les Yvelines. On y trouve aussi leurs sous-traitants, des PME ».

« Le territoire abrite aussi près de 1000 entreprises de taille intermédiaire. Il est assez divers, très industriel d'un côté, très commerçant de l'autre, avec des grands centres commerciaux. Westfield Parly 2 est d’ailleurs l'ancêtre des centres commerciaux traditionnels que nous connaissons, sur le modèle des “mall“ américains. Et puis, un tissu d'entreprises de services, majoritairement des très petites entreprises, des indépendants, des consultants, des gens très qualifiés. »

« Nous sommes à proximité du plateau de Saclay, premier pôle scientifique et mathématique au monde, qui est un grand territoire de recherche et développement avec un certain nombre de laboratoires dans les industries informatiques, dans les industries agroalimentaires, le CNRS, les industries de la Défense. Bref, un territoire assez complet. Une France en miniature. »

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