Le 103e congrès des maires s’est récemment tenu au Parc des expositions de Paris. Il s’agissait du « congrès des retrouvailles » selon André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France (AMF), le premier congrès depuis les dernières élections municipales et depuis le début de la crise sanitaire. Ce congrès était également le dernier du quinquennat et l’occasion pour le président de la République de tester sa popularité auprès des élus de l’hexagone, à quelques mois de l’élection présidentielle.
À l’occasion de ce congrès, les plus de 34 000 maires de France ont décidé d’élire à la tête de l’AMF, le maire de Cannes, David Lisnard. Il a remporté l’élection avec 62 % des voix, au détriment du maire de Sceaux, Philippe Laurent. David Lisnard succède de cette manière à un autre maire Les Républicains, François Baroin.
David Lisnard souhaite plus de décentralisation
En préambule du discours du chef de l’état, plusieurs discours se sont tenus. Tout d’abord, celui d’Anne Hidalgo, maire de Paris, suivi par celui d’André Laignel, vice-président de l’AMF et enfin, par celui de David Lisnard, nouveau président de l’AMF, très attendu par l’assemblée.
Le maire de Cannes s’est très longuement exprimé lors de son premier discours en tant que président de l’AMF. Il a notamment prôné plus de décentralisation « Faites-nous confiance » a-t-il demandé au président de la République. Il a également longuement fait l’éloge des maires et des communes en rendant hommage aux élus qui lui ont fait confiance et qui l’ont inspiré : « C’est dans la commune que réside la force des peuples libres, les maires sont des mécaniciens du quotidien, des praticiens. Je veux rendre hommage à Jacques Pellissard qui m’a accordé sa confiance il y a 25 ans, ainsi qu’à François Baroin qui m’a accordé sa confiance en me nommant vice-président de l’AMF ». Après ces remerciements, il a rendu hommage aux élus français et les a félicités pour leur action durant la crise sanitaire.
D’une manière générale, le nouveau président de l’AMF souhaite une meilleure intégration des maires dans le processus de décision. Parmi les mesures qu’il souhaite porter durant les sept années de son mandat, l’intégration des maires au processus législatif et la demande d’investissement dans la santé publique.
Le discours de David Lisnard était dans la continuité de celui de son vice-président, André Laignel. Ce dernier a également réclamé plus de décentralisation « La décentralisation n’est pas une réforme technique, c’est un projet politique, une oxygénation de la démocratie, une vision de la société ». Il a également réclamé la fin des tutelles juridiques pour les communes qui représentent selon lui le manque de confiance de l’Etat envers les municipalités.
© SIDF - Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.
« Nous ne céderons rien face à la violence contre les élus »
Après avoir reçu près d’un millier de maires à l’Elysée, Emmanuel Macron s’est longuement adressé à eux à l’occasion de la cérémonie de clôture. En introduction de son discours face aux maires, le chef de l’Etat a souhaité féliciter les élus pour leur action au quotidien, mais également lors des situations de crises auxquelles ils font face, notamment leur implication durant la crise sanitaire : « Je veux remercier tous les élus municipaux, vous avez été aux avant-postes de cette bataille » a-t-il souligné. Il a ensuite tenu à montrer sa détermination à lutter contre les violences que subissent les élus en France, il a rappelé le cas du maire de Signes, tué après être intervenu sur un dépôt de sauvage de gravats : « Je veux vous dire la reconnaissance de la nation et son engagement à vos côtés face à la violence. Nous ne devons rien céder. Face à l’augmentation de la violence, nous serons intraitables. »
Après cela, il s'est montré rassembleur. « Il y a un discours ambiant ces dernières années qui opposerait les élus à l’Etat. Ce discours ne représente pas la réalité. Il y a les élus locaux et le Gouvernement. Ce tout forme l’état, l’état c’est vous aussi, gardons-nous de toutes ces formes de divisions. » a-t-il assené.
L’ambiance était loin de celle que le président de la République avait connue lors de son premier congrès des maires où il avait été sifflé. Cette année, les relations entre élus municipaux et le chef de l’Etat semblent apaisées, après son discours, il a longuement été applaudi et a passé de longues minutes dans un bain de foule avec les élus présents.
© SIDF - Le chef de l'état et l'ancien président de l'AMF, François Baroin, se sont chaleureusement salués.
Militants et entreprises sollicitent les élus durant le congrès
Au-delà de la dimension politique du salon, le congrès des maires est également l’occasion pour de nombreuses entreprises de promouvoir leurs produits auprès de municipalités. Au cœur du Parc des Expositions, de nombreux exposants accueillent les élus et les congressistes pour leur proposer leurs produits. Etaient notamment présents cette année, l’entreprise BaroClean qui propose du matériel haute pression et d’hydrocureurs. Les hydrocureurs sont des engins utilisés dans le domaine de l'assainissement et de la voirie. L’entreprise participe à son premier salon des maires. Son directeur dresse le bilan : « Nous sommes ici pour la première fois, c’est vraiment un galop d’essai. Aujourd’hui le bilan est assez mitigé mais c’est aussi notre faute, je pense que nous n’avons pas apporté le bon produit à présenter ». Malgré cela, l’entreprise pense revenir dans les prochaines années au salon des maires : « Nous avons pu tout de même prendre contact de plusieurs mairies intéressées par notre produit, nous apprenons aussi de notre première venue » explique Lionel Fanti, directeur général de la société. Quelques mètres plus loin, une entreprise propose de son côté des isoloirs adaptés aux contraintes sanitaires. Dans le même but que l’entreprise précédente, les employés cherchent à promouvoir leur produit auprès des élus à quelques mois de l’élection présidentielle. Election qui plane d’ailleurs sur ce congrès. Il suffit pour cela de se promener aux alentours pour repérer des militants de multiples candidats, en quête des précieuses 500 signatures de maires, nécessaires afin de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle.