Baptisée “Modul'OYvelines”, l'unité de valorisation des biodéchets par méthanisation créée par la start-up parisienne Tryon, et portée par la société C'Midy en partenariat avec le Département, verra bientôt le jour à Carrières-sous-Poissy. Cette station de 2 000 m2 pourra récupérer les déchets alimentaires des restaurants scolaires de 34 collèges. A plus grande échelle, ce sont les restes alimentaires issus des élèves des 118 établissements publics du territoire qui seront valorisés d'ici 2023.
En plus de lutter contre le gaspillage alimentaire, Modul'OYvelines est la première usine d'Ile-de-France à fournir du gaz à partir des biodéchets et non des productions agricoles, comme c'est le cas pour les usines de méthanisations franciliennes.
Valoriser les déchets localement
A l'origine du projet, le constat fait par Tryon du volume colossal de déchets alimentaires devant être traité chaque année et revalorisé la loi Grenelle II imposant depuis 2016 aux professionnels qui engendrent au moins dix tonnes annuelles de biodéchets d'en assurer la valorisation. Pour les collèges yvelinois qui servent 50 000 repas chaque jour, cela représente “800 à 900 tonnes de déchets alimentaires par an”, selon les estimations de la start-up.
Conséquence de ces réglementations, les déchets sont souvent exportés, par exemple en Normandie, comme l'indique un représentant de Tryon. L'usine, forte d'une capacité de traitement pouvant atteindre 8 000 tonnes de déchets par an, peut ainsi anticiper la législation qui soumettra d'ici 2025 les ménages au tri sélectif de leurs biodéchets. Les déchets seront collectés localement dans un rayon de 20 kilomètres avant, soit d'alimenter des silos de décomposition pour produire du gaz directement injecté dans le réseau public de GRDF, soit d'être convertis en matière organique fertilisante. A ce titre, 50 % du
“digestat” produit servira à l'épandage de la ferme Beaugrand située à Ecquevilly, à cinq kilomètres du site de valorisation.
Les défenseurs de la nature contrattaquent
Installée sur un terrain vague inoccupé de la ville de Carrières-sous-Poissy, l'usine de méthanisation est située dans un réservoir de biodiversité inscrit au Schéma régional de cohérence écologique (SRCE). Une occupation qui a poussé l'association de défense environnementale Rives de Seine Nature Environnement à adresser un recours gracieux, fin décembre dernier, au préfet des Yvelines, inquiète des conséquences de cette installation pour la faune et la flore et redoutant une hausse de la circulation de poids lourds et des nuisances olfactives liées à la collecte des déchets. L'association a indiqué qu'elle lancerait une procédure en référé auprès du tribunal administratif pour mettre fin aux travaux si sa demande venait à être rejetée. n