Une parenthèse enchantée dans une période de crise. Pas moins de 400 personnes se sont rendues à l’inauguration du nouveau siège de la FFB Essonne, nommée “Maison des Bâtisseurs“. Le chiffre a de quoi impressionner, mais il illustre le travail fourni par la fédération et les capacités de ce nouveau site, implanté au 7 rue Lucien Sampaix, à Sainte-Geneviève-des-Bois. Invités à s’exprimer au pupitre, les plus illustres d’entre eux ont d’ailleurs ironisé sur leur volonté de s’y installer à leur tour et de faire appel, le plus possible, aux artisans essonniens pour réaliser leurs travaux.
Une institution âgée de 137 ans
Le premier de ces intervenants, Fabien Daurat, président de la FFB 91 et initiateur de ce projet ambitieux, n’a pas manqué de revenir, en préambule, sur la création de la fédération. C’est en 1885 que quelque 80 entrepreneurs du bâtiment de la région de Corbeil-Essonnes ont souhaité se regrouper, pour former la “Chambre syndicale des entrepreneurs de l’arrondissement de Corbeil“, sous l’impulsion de M. Guitton, devenu ensuite le premier président de cette structure. C’est ensuite en 1997 que le nom de “Fédération du bâtiment de l’Essonne“, plus familier, a fait son apparition. La structure a franchi une nouvelle étape, géographique cette fois, en 2015, le président Bernard Toulouse ayant souhaité déménager à Evry. Installé devant la mairie, non loin de la préfecture, de l’Hôtel du Département, des chambres consulaires, mais aussi du tribunal de commerce et du conseil de prud’hommes, ce bâtiment avait tout pour plaire. Pourquoi donc avoir décidé le quitter ?
« C’est lorsque débute mon mandat en 2017, que les changements sociétaux, économiques, financiers, politiques se sont succédé à un rythme effréné rebattant les cartes de notre jeu… La FFB défend les intérêts des adhérents depuis près de 150 ans. Elle les soutient, les forme, et les informe. Mais il me semble alors capital qu’elle intègre une dimension nouvelle : celle de renforcer notre réseau, d’être un véritable lieu de rencontre, générant des connexions multiples », a expliqué Fabien Daurat, précisant que si les locaux étaient bien placés, ils étaient toutefois difficiles d’accès.
Le manque de visibilité et les problèmes liés au stationnement devenaient un frein au rêve du président de « voir réunis en un même lieu les quelque 900 entreprises adhérentes qui composent notre réseau Essonnien ». L’idée avait également germé dans son esprit de créer une pépinière d’entreprise, la solitude et l’isolement du chef d’entreprise pouvant être angoissante. « C’est pourquoi je voulais que la FFB puisse offrir un service clé en main sur un lieu unique et confraternel, aux jeunes créateurs d’entreprises ou aux artisans en demande », a poursuivi Fabien Daurat, ajoutant avoir, « un matin d’hiver », proposé à son CA de réfléchir à une nouvelle implantation du siège de la FFB pouvant mieux répondre aux défis actuels et futurs.
Suite à l’obtention l’avis favorable de Bernard Toulouse – qui n’avait pas ménagé ses efforts pour déménager à Evry –, ainsi que celui de son CA, Fabien Daurat s’est employé à examiner différentes pistes, avec son vice-président Christophe Mollicone. Ayant été contraints d’abandonner un premier projet jugé trop coûteux, les deux élus ont finalement visité l’actuel site et ses deux bâtiments, alors en état de quasi-ruine. Idéalement placé en plein cœur du département, à la liaison de tous les axes routiers permettant aux adhérents de se rendre plus facilement à la FFB, et permettant un maillage territorial « extraordinaire », ce dernier « cochait toutes les cases ».
Un accès direct à tous les services
Le projet de rénovation a été pensé pour répondre à plusieurs besoins. D’abord, celui de la formation, nécessitant la création de deux salles dédiées. Celui du stationnement, ensuite, avec une capacité de près de 50 places. La FFB 91 voulait également créer un espace d’accueil pour ses grandes manifestations (un grand forum de l’emploi est prévu, ainsi qu’un forum sur les énergies renouvelables notamment). Il fallait aussi pouvoir loger ses permanents et accueillir ses partenaires, dont la SMA BTP. « L’idée était de pouvoir, dans un délai très court et sans devoir à monter à Paris, avoir accès à tous les services qui tournent autour de nos métiers », a précisé Fabien Daurat. Un « espace de détente et d’échanges » a par ailleurs été créé, de quoi permettre aux adhérents de recevoir leurs clients « en toute tranquillité dans un lieu convivial ».
Le projet initial du président, à savoir la création de cinq cellules dites artisanales, a finalement bien vu le jour. Mis en location à des artisans du bâtiment à un coût « avantageux », ces locaux sont l’occasion pour eux de « franchir une étape », de « passer de leur garage à un vrai bureau » avec stockage. La spatialité des locaux permettra par ailleurs à la FFB Essonne de mettre en place un service de location des salles.
« Malgré une période difficile, nous y sommes arrivés en six mois et dans un budget contraint », s’est félicité Fabien Daurat, avant d’annoncer le lancement du “Club des partenaires“. Ce dernier regroupera, au sein d’une seule et même association, l’ensemble des acteurs de l’acte de construire, dont les maîtres d’ouvrage, les fournisseurs, les banques, les assureurs, mais aussi les architectes.
« Le but est de pouvoir réfléchir ensemble aux moyens à mettre en œuvre pour mieux se comprendre, mieux construire, mieux anticiper les enjeux de demain sur la transformation énergétique, notamment, mais aussi inventer le logement des générations à venir », a indiqué le président de la FFB Essonne. « Ce club, je vous encourage toutes et tous à le rejoindre si vous partagez la même ambition que nous, faire tendre notre monde vers plus de sérénité, de courtoisie, de bienveillance, de respect de l’environnement ».

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« Il faut que cela cesse »
Fabien Daurat a également profité de cette tribune pour faire passer des messages plus politiques. Crise sanitaire, crise des matériaux, flambée des prix… Les entreprises du bâtiment ont été privées de marge et la flambée du coût de l’énergie n’a pas arrangé les choses. « Nous n’en pouvons plus, il va falloir que cela cesse, et vite, si nous ne voulons pas que les histoires de nos entreprises terminent mal, très mal. Nos carnets de commande sont entrain de réduire, les marges sont inexistantes, le remboursement des PGE plombent les trésoreries », a poursuivi Fabien Daurat, avant d’alerter les élus et des parlementaires présents sur la fragilité économique du secteur et le moral en berne des dirigeants.
« Nous devons faire bloc être ensemble pour passer cette étape, nous y sommes aussi confrontés », a acquiescé Frédéric Petitta, maire et vice-président de Cœur d’Essonne Agglomération chargé du développement économique. « C’est un vrai honneur et une vraie fierté de vous accueillir ici, dans la ville-centre du département », a-t-il ajouté.
Le soutien des collectivités
Olivier Salleron, président de la FFB nationale, était également présent pour saluer cette opération. « Avec l’agriculture, le BTP est l’un des rares secteurs à structurer le territoire français, c’est un atout, une richesse », a-t-il souligné, avant de plaider pour que soit accordée une plus grande souplesse aux élus locaux en matière de politique du logement.
De son côté, Éric Braive, président de Cœur d’Essonne Agglomération, a insisté sur le dynamisme de cette collectivité, non démenti depuis sa création, en 2016. L’élu a aussi évoqué le vote d’un plan pluriannuel d’investissement à hauteur de 201 millions d’euros, dont certains volets, comme celui dédié à la rénovation énergétique, pourront bénéficier aux artisans du bâtiment. L’arrivée espérée d’un « grand pôle cinématographique de 30 hectares » nécessitera par ailleurs de faire appel à un « pôle de fournisseurs » dédié. « C’est aussi comme cela que nous vous aiderons à passer ce moment difficile », a insisté Éric Braive.
A l’instar des élus l’ayant précédé, François Durovray, président du Département, a ensuite mis en avant l’augmentation de son plan pluriannuel d’investissement de 300 millions d’euros, passant à plus de 2,3 milliards d’ici 2028. « J’aimerais que tous les marchés du Conseil départemental aillent aux entreprises essonniennes, on a encore des marges de progrès », a-t-il confié, suscitant des applaudissements nourris de la salle, avant de préciser que ces marchés devaient répondre à certaines règles, notamment en matière concurrentielle. « Nous avons aujourd’hui des enjeux de performance, de rapidité d’exécution sur certains de nos chantiers. Nous avons donc besoin que les entreprises du bâtiment de l’Essonne soient davantage en capacité de répondre à ces marchés », a-t-il ajouté, assurant que le rôle du Département était d’accompagner l’économie dans la période actuelle. La prime éco-logis, lancée il y a quatre ans, a permis par exemple la réalisation de 200 millions d’euros de travaux, dont 75 % ont été assurés par des entreprise essonniennes.
Patrick Toulmet, Délégué interministériel au développement de l'apprentissage dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), a également adressé ses félicitations à la FFB Essonne, avant de revenir sur la formation et l’emploi des jeunes. « Oui, parfois le bâtiment souffre d’une image négative, mais sa transformation, notamment via le numérique, contribue à le rendre plus attractif. Vous pouvez compter sur mon engagement à vos côtés pour inciter les jeunes à aller vers le BTP », a-t-il ajouté. Régulièrement présent en Essonne, Patrick Toulmet a notamment assisté à la 10e Cérémonie de remise de diplômes de la Faculté des Métiers, dont Fabien Daurat est aussi le président. « En plus d’apporter une formation de qualité, l’apprentissage est un outil indispensable pour le plein emploi et la lutte contre les tensions de recrutement », avait-il assuré, saluant l’exemplarité de l’établissement en matière d’inclusion.
Intervenant ensuite, Bertrand Gaume, préfet de l’Essonne récemment nommé, a finalement coupé le ruban, et dévoilé la plaque inaugurale du nouveau siège, aux côtés des autres intervenants. « La page blanche que nous avons créée, et la prochaine histoire qui s’y s’écrira, sera, je l’espère, aussi belle, faite de femmes et d’hommes engagés et vertueux, ayant à cœur de faire vivre les métiers du Bâtiment avec passion », a conclu Fabien Daurat.
14 acteurs du bâtiment plaident pour des mesures contre la surchauffe des bâtiments
Dans un courrier adressé récemment à la Première ministre Elisabeth Borne, 14 organisations professionnelles issues du secteur du bâtiment proposent des « solutions concrètes » en la matière.
La problématique de la surchauffe des bâtiments n’étant pas « suffisamment prise en compte dans les politiques publiques », ces acteurs ont souhaité alerter les décideurs sur « l’urgence de mettre en place des mesures rapidement », afin « d’anticiper des étés à venir de plus en plus chaud, menaçant la santé des plus fragiles en période caniculaire ».
Recours à la climatisation « raisonné et adapté », sobriété énergétique via des mesures passives, installation de stores motorisés ou automatisés, amélioration de l’inertie thermique des bâtiments, végétalisation, mise en place de revêtements d’étanchéité réfléchissants sur les toitures terrasses… « Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 30 ans, la France n’a pas le luxe de se priver de leviers efficaces qui sont à sa portée », écrivent ces organisations professionnelles. « L’occasion est historique d’être à la hauteur du plus grand défi de l'histoire de l'Humanité. Ne la ratons pas ! ».