Il a récemment doublé sa taille, passant à 66 communes et plus de 850 000 habitants. Brahim Ouarem, son président depuis octobre 2020, revient sur son bilan et sur le virage opéré par le syndicat sous sa présidence, avec l’objectif d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2026 et de soulager les finances des communes, dans un contexte de flambée des prix de l’énergie.
Que représente le Smoys ?
Brahim Ouarem : Basé à Sainte-Geneviève-des-Bois, le Smoys est un syndicat mixte qui opère sur l’Essonne et deux communes du Val-de-Marne (Ablon-sur-Seine et Villeneuve-le-Roi). Nous avons un rôle historique – nous fêtons nos 100 ans l’année prochaine – d’autorité organisatrice de la distribution d’énergie (Aode), avec des concessionnaires de gaz et d’électricité (Énedis et GRDF). Depuis 2016, nous sommes chargés de piloter la réalisation des bornes de recharge pour les véhicules électriques.
Nous avons pour objectif, depuis mon arrivée en octobre 2020, d’étendre nos compétences à d’autres domaines en lien avec la transition énergétique et écologique sur, notamment, le photovoltaïque et le gaz vert, le diagnostic de performance énergétique, les certificats d’économie d’énergie, et le groupement d’achat d’énergie. Nous souhaitons participer activement à cette transition pour parvenir à atteindre un bilan bas carbone qui soit en rapport avec les objectifs fixés par l’État. Depuis quelques mois, ces sujets interpellent toutes les collectivités adhérentes, et au-delà, les particuliers.
Comment s’est passée votre prise de fonction ?
B. O. : Il a fallu faire un état des lieux administratif, juridique, et financier, parce que nous avons récupéré une situation particulière. Nous avons su régler les problèmes existants, dont nous n’avions pas conscience avant notre arrivée. Nous avons stabilisé le budget, pour revenir à une situation bénéficiaire. Notre taux d’emprunt est très faible. Nous sommes parvenus à débloquer une subvention que nous pensions complètement perdue de la part de l’Agence de transition écologique (Ademe), à hauteur de 570 000 euros. Finalement, nos capacités d’investissements ont été multipliées par 10, passant de 80 000 à 860 000 euros. A compter de 2022, nous visons un investissement annuel d’un million d’euros chaque année pour accélérer et massifier la transition énergétique des communes adhérentes, après le doublement de notre périmètre, puisque nous sommes passés, sur l’exercice 2020/2021, à 66 communes, soit 850 000 habitants (la capacité d’investissement devrait finalement doubler par rapport à la feuille de route initialement annoncée, passant de 1 à 2,6 millions, NDLR).
© Smoys
Quels sont les jalons de votre positionnement en tant que « catalyseur de la transition écologique et énergétique » ?
B. O. : Le Smoys a intégré le Pôle énergie Île-de-France, qui regroupe l’ensemble des syndicats franciliens Aode, comme le SDESM, le SEY, le Sipperec, le Sigeif, et le SMEGTVO, afin notamment d’optimiser, de rationaliser et de coordonner nos actions respectives.
Nous avons également été désignés lauréats de l’un des appels à projets relatifs à la performance énergétique portés par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et l’Ademe. Nous avons obtenu une subvention de 160 000 euros, nous permettant notamment d’embaucher un expert économe de flux et de mettre en œuvre des audits thermiques, d’études de faisabilité juridique, technique, économique et financière, dans le but d’engager une action mutualisée et coordonnée des communes du territoire. Le Smoys développera parallèlement une ingénierie financière de nature à participer financièrement aux travaux de rénovation énergétique de ses collectivités membres.
Nous constituons par ailleurs un groupement d’achat d’énergie pour la période 2023-2026 (les contrats d’énergie arrivent en grande partie à échéance actuellement), pour donner accès aux membres à des offres de fourniture gaz et électricité compétitives, et accompagner nos adhérents dans la maîtrise de leur budget énergie. Il s’agit d’un enjeu plus que jamais crucial en cette période de forte fluctuation des tarifs. Pour 2023-2026, le volume Electricité visé est de 40 GWh, et de 25 GWh pour le gaz. Avec à la clé une économie de 15 à 20 % pour les communes adhérentes.
Vous allez également élargir le parc de bornes de recharges ?
B. O. : Oui, ayant hérité d’un réseau d’une centaine de bornes à 67 % défectueuses, nous avons mis en œuvre un schéma directeur visant notamment à développer le réseau et couvrir l’ensemble du territoire, pour couvrir les territoires ruraux (nous réfléchissons à équiper les copropriétés), mais aussi les quartiers populaires, qu’il ne faut pas oublier. Concrètement, nous voulons tripler le réseau actuel, pour passer le cap des 300 bornes actives d’ici quatre ans.
Ce schéma se veut aussi cohérent avec les autres opérateurs intervenant sur les territoires. C’est un peu la foire d’empoigne, chacun fait ce que bon lui semble, c’est pourquoi nous souhaitons faire le ménage. Nous voulons simplifier le plus possible l’accessibilité, la tarification, et l’interopérabilité des bornes. Nous avons récupéré un système avec deux opérateurs (l’un spécialisé dans l’installation/maintenance et l’autre dans la gestion). Dans le cadre du nouveau marché que nous allons lancer, avoir un seul interlocuteur va nous faciliter les choses.
En combinant les diagnostics de performance énergétique, le groupement de commandes, tout ce qui est électromobilité etc., il y a des incidences positives sur la facture carbone, ce qui permet de générer des ressources supplémentaires pour les collectivités adhérentes, notamment par le biais des certificats d’économie d’énergie.
Pourriez-vous préciser vos ambitions en matière d’équilibrage territorial ?
B. O. : Nos collectivités adhérentes sont de tailles différentes. Nous avons un territoire particulier, entre les zones denses du Nord du département et la ruralité au Sud. Nous souhaitons qu’il y ait un équilibre et aucune discrimination dans tous les sujets que nous allons aborder, pour les collectivités et surtout pour les habitants de ces territoires.
© Smoys
Vous apportez votre propre coloration au syndicat ?
B. O. : Beaucoup d’anciens énergéticiens étaient dans les syndics. Pour ma part, je suis issu du milieu de l’éducation populaire. Je pense qu’il s’agit de l’un des meilleurs outils pour faire en sorte que les citoyens deviennent acteurs. Si l’on veut que l’impact en termes de transition écologique et énergétique soit de plus en plus fort, il faut participer à l’éducation des enfants (en passant par les écoles, puis les collèges, voire les lycées). Il y a un véritable enjeu à ce niveau.
Je souhaite, plus largement, vulgariser l’action du syndicat. Nous nous adressons à des professionnels, à des collectivités, mais les habitants ne savent pas ce qu’est un syndicat, et je ne pense pas uniquement au Smoys. Le syndicat aura 100 ans l’année prochaine, mais il n’est pas très connu pour autant. La refonte de notre site internet, qui est en cours, permettra également de servir cet objectif.
Nous avons donc des perspectives, la volonté de mener à bien nos projets. Nous avons une bonne équipe, une bonne gouvernance, avec des rapports et des délibérations qui sont votés à chaque fois à l’unanimité. Nous sommes en phase de déroulement.